Le drame récent de Pantin, la directrice d’école Christine Renon qui a mis fin à ses jours, attire l’attention médiatique sur ces sujets du fait de la lettre sans ambiguïté qu’elle a laissé sur la relation entre son geste et son travail. Mais, ce sont plus de dix collègues qui en deux ans se sont suicidés ou ont tenté de le faire dans cette seule académie de Créteil. Le CHSCTA de Créteil a déjà enquêté sur 7 de ces événements dans le cadre de la reconnaissance en accident de service qui permettrait d’engager la responsabilité de l’État en tant qu’employeur. [
Communiqué du SNES-FSU Créteil.
Ce jour, se déroulaient les obsèques de Christine Renon, directrice de l’école Méhul de Pantin qui a mis fin à ses jours sur son lieu de travail durant le week-end du 21 septembre 2019. Ce même jour, se réunit à Bobigny un CHSCT départemental consacré au suicide de Christine.
Ce dernier, et la publication des lettres de Christine, ont provoqué un choc très fort dans la profession, d’autant qu’il fait suivre déjà à de nombreux suicides depuis 2 ans dans l’académie de Créteil. De nombreuses/x collègues du second degré ont fait part de leur émotion et de leur volonté d’affirmer qu’elles/ils vivent tou-te-s cette dégradation continue de nos conditions de travail et le refus de la hiérarchie de l’Éducation nationale d’y faire face.
Ce jour, de nombreuses actions très diverses ont eu lieu sur notre académie : grève, rassemblement de 3000 personnes à Bobigny, minute de silence, port de vêtements noirs, de brassards...
En effet, depuis 2 ans, ce ne sont pas moins de 12 suicides ou tentatives de suicide qui ont eu lieu sur notre académie. Les élus FSU dans les CHSCT de Créteil ont effectué un travail considérable pour obtenir des enquêtes suicides pour 7 cas de suicides de 2017, pour obtenir une aide à ces enquêtes par un cabinet d’expertise et pour faire de nombreuses préconisations à l’employeur. Cela n’a pas amené à un changement de politique et d’accompagnement des personnels, toujours ignorés quand ils sont en proie à des difficultés et en situation de travail empêché.
Quelle est la réponse au niveau national pour la fonction publique : la casse des CHSCT ! Cela est scandaleux, la mise en place d’un comité de suivi annoncé par le ministre Blanquer ce matin, est bien dérisoire face à la casse des CHSCT.
Encore ce matin, le recteur a attendu que les personnels soient en grève pour daigner envoyer un courrier aux enseignant-e-s (oubliant au passage les autres personnels de l’Éducation nationale...), annonçant pudiquement que la nation « nous doit protection et soutien ». De plus, alors qu’un comité technique académique se réunit demain, vendredi 4 octobre, et que la FSU voulait en profiter pour échanger avec lui sur ce suicide et la souffrance des personnels au travail, le recteur a annoncé qu’il n’y serait pas présent, marquant ainsi ce qu’il pense des syndicats et des représentant-e-s du personnel.
Le SNES-FSU Créteil met d’ores et déjà en débat la suite des actions. Il appelle les personnels à se réunir en Assemblée générale et/ou en heure syndicale et à débattre des moyens à mettre en œuvre pour une autre politique éducative dans notre académie comme dans tout le pays.
Déclaration de la FSU au comité technique académique de l’académie de Créteil du 4 octobre 2019 :
La casse des collectifs de travail, la mise en place du néo management, des personnels d’encadrement sans formation en matière de RPS et une culture de l’évaluation permanente et des projets qui mettent les agents en concurrence, conduit à une détresse chez nos collègues. Au moins 12 suicides en 2 ans touchant notre académie : des enseignants du premier et du second degré, personnels gestionnaire, des titulaires, des stagiaires, des contractuels.
Les 7 enquêtes suicides depuis 2017, ont mis en évidence les souffrances des collègues au travail, laissées sans réponses, ont amené à de nombreuses préconisations faites à l’employeur. Cela n’a pas amené à un changement de politique flagrant et d’accompagnement des personnels toujours ignorés, quand ils sont en proie à des difficultés et en situation de travail empêché. Les directives ministérielles, rectorales et académiques se superposent, sans jamais faire le lien avec les professionnels de terrain pour les mettre en cohérence, en vérifier la faisabilité … elles cassent les collectifs et demandent toujours de faire plus avec moins. Cette marche forcée de réformes rejetées par la profession, via les instances paritaires ministérielles comme académiques ou départementales, contraint de nombreux collègues à mettre en œuvre sous la pression hiérarchique des mesures qui heurtent leur professionnalité, voire qui bafouent leurs valeurs humaines et professionnelles.
N’ayant pas assez de temps pour mener à bien des tâches sans fin, d’une manière qui les satisfasse, les professionnels de l’éducation nationale, soucieux du travail bien fait pour un bon fonctionnement de leur école, de leur établissement, de leur service, pour les élèves, pour les familles, réagissent en y consacrant encore plus de temps, et souvent au-delà du raisonnable. Un tonneau des Danaïdes qu’on remplit de moins en moins vite avec la promesse de se reposer quand il serait plein.
Mais un jour, ils finissent par atteindre leur point de rupture dans des environnements qui ne cessent de se dégrader. Ils essaient de se sauver tout seul… mais craquent dans la solitude. Quelle est la réponse de l’institution face à ces souffrances au travail qui peuvent aller jusqu’à tuer, la réponse est : la casse des CHSCT !
En espérant que le fait de « casser le thermomètre « permettra d’éviter de dire que la « bête est malade ». Nous dénonçons la suppression des CHSCT dans la fonction publique, et la mise en place d’un comité de suivi annoncé par le ministre Blanquer hier matin ne peut nous convenir, surtout si il est instrumentalisé pour faire donner un statut de supérieur hiérarchique aux directeurs d’école, ce à quoi la FSU s’oppose.