Edito

« Je ne suis d’aucune nationalité prévue par les chancelleries. » Aimé Césaire

Commencer cet éditorial syndical par ces propos du grand poète Aimé Césaire montre à quel point la mise en place du « Ministère des immigrés et de l’identité nationale » peut être inquiétante pour des milliers d’enseignants et au-delà des millions de citoyens. C’est vrai, le Président de la République nouvellement élu a une légitimité de 53%, mais cela ne nous empêche pas de continuer de penser qu’il est impensable de laisser mourir des hommes dans des filets à thons en Méditerranée sans qu’aucun des navires à proximité et en toute connaissance de cause ne se soit détourné pour leur porter secours. Car c’est bien de cela qu’il s’agit dans la question migratoire, jusqu’à quel point ne pas porter secours à ceux qui sont entrés sur notre territoire au prix de combien de souffrances et de déchirements ? Jusqu’à quel point doit-on les renvoyer chez eux et avec quel prix à payer ? Au fait, c’est où "leur chez eux" si ce n’est chez nous pour ces dizaines d’enfants scolarisés menacés directement par ce super nouveau Ministère... Espérons que le vieux Ministère qu’est l’Éducation Nationale saura au moins protéger ceux qu’il est chargé d’éduquer.

Il n’aura échappé à personne que l’auteur du maintenant célèbre rapport Darcos (voir la dernière US) est devenu ministre de l’Éducation Nationale.

Le 23 mai dernier des centaines d’enseignants étaient dans la rue pour demander le rétablissement des postes supprimés et l’abrogation du décret Robien sur les modifications statutaires. Il ne vous échappera pas non plus que l’auteur du rapport qui préconisait la suspension immédiate de ce même décret au candidat président Sarkozy a décidé de prendre son temps, tout son temps. Jusqu’après les législatives ? En attendant, franchise médicale et carte scolaire seront les premiers cadeaux de l’été !

Plus que jamais il est temps de réfléchir à l’engagement syndical qui sera le seul véritable contre-pouvoir de cette politique-là.

Christophe Girardin.

Reims, Le 29 mai 2007