26 juin 2020

Actualités / Action

La fausse bonne idée des « Vacances apprenantes »

Vacances apprenantes : le nouveau miroir aux alouettes !

Nation apprenante, vacances apprenantes…, notre Ministre, animé de fort louables intentions, communique tous azimuts sur sa pseudo volonté de mettre de l’École en tout, partout et au centre de tout, en grand manitou qu’il est… de la casse orchestrée de notre service public d’Education !
Après une période de confinement difficile pour tous, surtout pour nos élèves les plus fragiles et les plus défavorisés pour lesquels la « continuité pédagogique » n’a été qu’une jolie formule pour masquer l’impéritie de notre Ministère qui était loin d’être « prêt »…, à l’heure de la réouverture de nos établissements dans des conditions sanitaires et pédagogiques contraintes, reconnaissant que cet enseignement à distance n’a pu bénéficier à tous de la même façon et a même, au contraire, creusé les inégalités, notre bon Ministre entend bien remédier à toutes ces injustices et, après les programmes de la « Nation apprenante », continuité sémantique oblige…, ce sont des « vacances apprenantes » qu’il offre aujourd’hui « aux enfants et aux jeunes privés des apports » de l’École…
Et à grand renfort de publicité, au-delà de la traditionnelle « École ouverte », fleurissent aujourd’hui l’École ouverte buissonnière (= des séjours en zone rurale ou littorale du CP à la Terminale), l’Été du pro (= l’École ouverte pour les lycées professionnels) et les colos apprenantes, tous ces dispositifs mettant ostensiblement en avant des « activités de renforcement ( !) scolaire », « de renforcement (!!) des aptitudes et compétences professionnelles et/ou générales » ou encore « de renforcement (!!!) des apprentissages »…, pour une « remobilisation des savoirs » assurée par des étudiants, des personnels de l’Education nationale, des parents, des retraités… Et cerise sur le gâteau, les « élèves » (sic) bénéficieront d’une « sensibilisation au développement durable », d’une « découverte de la nature et du patrimoine local » et d’« activités de loisirs autour de la culture et du sport »… Ces dispositifs sont principalement à destination des publics les plus fragiles et les plus défavorisés. Ces élèves sont ceux qui ont le plus besoin d’une approche pédagogique réfléchie, nourrie par l’expérience de personnels formés et rompus aux méthodes d’apprentissages les plus adaptées à chaque situation. Ce n’est pas dans ces dispositifs fourre-tout encadrés par « qui veut bien » que sera dispensée la panacée permettant un retour en classe dans les meilleures conditions pour eux en septembre. (On pourrait même y voir une forme de mépris pour ces catégories d’élèves).
Et alors que nous attendons toujours le bilan (qualitatif surtout) de l’École ouverte, quel financement l’Education nationale, qui n’a de cesse que de réduire son budget…, est-elle en capacité de fournir pour faire fonctionner ces structures ? Quelle rémunération des uns et des autres ? Quelle formation ? Quels contenus pédagogiques dans cette École de substitution ?
Pour la FSU, ces dispositifs « poudre aux yeux » contribuent au brouillage des pistes et des lignes mis en œuvre insidieusement par Jean-Michel Blanquer pour mieux démanteler le service public d’Education et le recentrer sur ses fondamentaux, pour peut-être aussi mieux faire évoluer nos métiers voire nos statuts vers plus de flexibilité, de polyvalence…, un prof animateur de colonies de vacances, qui enseigne à l’École et à la colo, quel bonheur dans le monde idéal néolibéral de la macronie !

Pour la FSU, même si les circonstances de cette année scolaire ont été exceptionnelles, elles ne doivent pas pour autant être l’occasion (et le prétexte…) d’une telle déstructuration de nos rythmes (temps d’École et temps de vacances) et d’un tel brouillage de nos repères (les apprentissages avec des personnels qualifiés à l’École et des loisirs, des activités avec des animateurs dans les centres et/ou les colonies), tous, nos élèves sans doute les premiers, ayant besoin d’un véritable temps de vacances pour faire le vide (vaco en latin), relâcher les pressions (scolaire, familiale…), pour mieux reprendre le chemin de l’École en septembre…
Pour nous, l’École est celle qui est en capacité de faire apprendre tous ses enfants pendant le temps et dans le cadre scolaire, tout au long de l’année scolaire (elle-même équilibrée, alternant temps d’école et temps de vacances), celle qui a les moyens d’apprendre correctement et équitablement à tous les enfants, celle qui offre à tous l’accès à l’éducation physique, aux arts, à la culture, à la connaissance…
Et après cette crise sanitaire qui aura forcément des conséquences sur la scolarité de certains de nos élèves, nous considérons que ces moyens conséquents dégagés pour ces « vacances apprenantes » seraient sans doute mieux employés dans les établissements à la rentrée pour faciliter la mise en place de petits groupes, de soutien, de projets internes (classes nature, découverte du patrimoine, sorties et voyages scolaires,…) pour tous. A cet effet, la FSU demande un collectif budgétaire qui permette de répondre à cette situation.

Plutôt qu’une École de plus en plus défaillante, qui individualise les parcours, qui renvoie à chacun la responsabilité de sa réussite ou de ses échecs…, qui tend à externaliser certaines disciplines (EPS, arts plastiques, éducation musicale) pour recentrer les apprentissages sur les fondamentaux (lire, écrire, compter, respecter autrui), à quand une École réellement apprenante pour tous, qui s’attelle vraiment à la lutte des inégalités sociales et scolaires, qui offre à tous une véritable culture commune, creuset d’une autre société, plus juste, égalitaire et solidaire ?
Après ces dernières semaines d’une année scolaire bien particulière, éprouvante pour ne pas dire épuisante…, très bonnes vacances reposantes à tous !