Pour les PsyEN EDO, cette crise sanitaire est un révélateur supplémentaire du mépris et de la méfiance dans lequel l’administration tient nos services.
Alors que les rectorats n’ont de cesse de vouloir fermer les CIO, jusqu’à n’en laisser qu’un seul par département, à l’annonce de la fermeture des établissements, il devenait vital subitement de les laisser ouverts pour continuer à fonctionner normalement ! Réception des élèves et parents en rendez vous, réalisation des bilans psychologiques, propositions d’activités sur l’orientation en ligne aux élèves… Tout a été imaginé pour montrer que « tout était sous contrôle » y compris au mépris des droits des PsyEN qui, à la différence des autres personnels, auraient dû assurer leur service comme si de rien n’était !
Après de nombreuses tergiversations, les rectorats ont été forcés d’accepter que le travail se fasse à distance… sauf qu’aucun moyen n’a été prévu... Pas de téléphone professionnel, sauf exception, peu d’ordinateurs professionnels pour chaque PsyEN mais malgré cela, des injonctions à contacter les familles et à assurer toutes les activités prévues à distance.
Surfant comme d’habitude sur les deux leviers bien connus dans la profession, la culpabilisation quant à un « abandon » des élèves et la nécessité d’une implication professionnelle « pour sauver le service », certains rectorats cherchent à faire pression sur les personnels pour qu’ils assurent à distance, bon nombre des activités prévues en présentiel
Heureusement, l’expérience d’équipes en CIO conduit à trouver des moyens de communiquer entre collègues. Des discussions se tiennent pour déterminer comment répondre aux demandes, savoir quel matériel utilisé, jusqu’où aller ?
Mais comme pour les autres métiers, le passage au travail à distance fait surgir plusieurs dilemmes :
Garder le contact avec les élèves mais ne pas avoir de moyens institutionnels pour le faire
S’assurer que les élèves de terminale les plus incertains ont bien validé leurs vœux sans avoir accès au suivi de Parcoursup
Devoir communiquer par mail pour répondre aux demandes en sachant que les élèves les plus démunis n’y ont pas accès ou ne l’utilisent pas
Garder le contact avec les équipes d’établissement avec un ENT qui ne fonctionne pas ou non ouvert aux PsyEN
Faire fonctionner le CIO et rester disponible pour les usagers mais devoir inventer les moyens de le faire (utilisation du site, du répondeur du CIO, affichage municipal, messages sur l’ENT, etc.)
La période est anxiogène non seulement pour les élèves et les familles mais aussi pour les personnels. Dans un contexte, où la limite entre sphère privée et sphère professionnelle est déjà bien bousculée, le sentiment de culpabilité de ne pouvoir aider suffisamment les jeunes, assurer le suivi de situations difficiles peut également fragiliser beaucoup de collègues.
Comme en dehors des périodes de crise, l’antidote est le même : le dialogue professionnel entre collègues sur ce qu’il convient de faire selon les situations et le respect du code de déontologie et de nos missions !