29 mai 2023

Le SNES académique - Les sections départementales

Le pacte ou la tromperie de la revalorisation.

Le pacte ou la tromperie de la revalorisation.

Dernière mise à jour le 24 juin 2023

projet décret sur le RCD PACTE
Cet article, résumé de notre stage du 14 avril et de nos nombreuses heures d’information syndicale, est destiné à informer les collègues et de les convaincre à ne pas entrer dans la logique du pacte EN REFUSANT COLLECTIVEMENT ET MASSIVEMENT DE LE SIGNER.
Nous vous encourageons donc à faire circuler ce lien massivement et à en discuter dans vos établissements.
Merci à vous.
ENSEMBLE, ON GAGNE  !
Le mardi 6 juin, la FSU et le SNES-FSU ont exprimé leurs oppositions au pacte et à ses briques ainsi qu’à la réforme de la voie professionnelle en construisant un mur de cartons place de la mairie à Troyes à 13h (juste avant la manifestation contre la réforme des retraites à 14h place de la Bourse du travail)
Vidéo EST ECLAIR

Instagram avec les photos du mur

[journal de F3 https://www.france.tv/france-3/grand-est/jt-12-13-champagne-ardenne/4999222-emission-du-mercredi-7-juin-2023.html
]

Et nos parodies sur le PACTE, des affiches pour vos casiers, panneaux syndicaux et réseaux sociaux :
https://reims.snes.edu/Parodie-PACTE-pour-casiers-panneaux-syndicaux-et-reseaux.html

L’évolution du salaire enseignant depuis le début des années 90 :

On se compare régulièrement à nos voisins, aux pays de l’OCDE mais ce n’est pas toujours dénué d’arrière-pensées.

Tout le monde le sait, c’est même reconnu par le ministère et le gouvernement : le prof français est sous-payé par rapport à ses voisins.
Données OCDE

Mais cela n’a pas toujours été le cas. Les profs ont dégringolé dans l’échelle sociale.
Le déclassement salarial a été lent et progressif, si les salaires ont certes augmenté ils n’ont quasiment jamais couvert l’inflation.

La part fixe du salaire enseignant dépend du corps (certifiés et assimilés, PE, agrégés), du grade (classe normale, hors-classe, classe exceptionnelle) et de l’échelon.
A chaque échelon est associé un certain nombre de points d’indice que l’on multiplie par la valeur actuelle du point d’indice pour obtenir le salaire.
C’est donc cette valeur du point d’indice qui est centrale. Elle permet de calculer notre salaire indiciaire (donc en dehors des primes ISOE, REP, ...) ainsi que le montant de notre retraite, calculée sur les 6 derniers mois du salaire indiciaire.
C’est pourquoi il est important de se battre et de revendiquer une augmentation de la valeur du point d’indice plutôt que des primes.

Depuis la fin des années 90, l’inflation a augmenté de plus de 30% pendant que la valeur du point d’indice (qui sert donc de base au calcul de notre rémunération) de seulement ... 12% (la courbe grise, c’est nous).
Le SMIC a augmenté de plus de 60% et les salaires du privé de près de 50% sur la même période.

Depuis 1986, l’augmentation de la valeur du point d’indice n’a dépassé l’inflation annuelle que 9 fois... et toujours de moins de 1%.
Donc l’inflation n’a pas été couverte 28 fois depuis 1986... et lorsqu’elle n’est pas couverte, ce n’est pas d’un peu.

Ainsi, lors du 1er quinquennat Macron, la valeur du point d’indice ... n’a pas augmenté.

Si bien que d’une année sur l’autre, l’inflation s’accumule et fait diminuer (à échelon égal) le pouvoir d’achat des enseignants.
Pour être plus clair, il faudrait, pour que les enseignants retrouvent un pouvoir d’achat équivalent à leurs collègues des années 80, un 13e, un 14e mois et une bonne partie d’un 15e mois.

France Info a réalisé un bel article qui explique cette perte.

L’augmentation de la valeur du point d’indice de l’été 2022 a été présentée comme la plus forte augmentation depuis 30 ans, certes, mais ça ne couvre pas l’inflation record que nous subissons en France en 2022 et en 2023.

Le candidat Macron, mal à l’aise dans l’entre deux tours avait alors formulé une promesse, celle d’augmenter de 10% tous les collègues, sans conditions et pour janvier 2023 ... que de mensonges en une seule phrase.
Car ce ne sera pas 10%, ce ne sera pas sans conditions et tout le monde a remarqué que nous n’avons pas été augmentés en janvier dernier.

La partie socle : 10% pour tous les collègues en janvier 2023 ?

La partie dite ’’socle’’, donc sans condition, n’est pas de 10% mais se limite pour beaucoup de collègues à 107 € Brut/mois (ou 95€ net/mois).

En effet, la revalorisation promise passe par l’augmentation des indemnités, pas par du salaire indiciaire.
L’ISOE part fixe (indemnité de suivi et d’orientation des élèves) passe de 1256 € à 2550 € brut/année.
L’indemnité des profs docs, des CPE et des PSY-EN augmente aussi (respectivement 1000 € à 2550 € brut/année, 1450 € à 2744 € brut/année et 1619 € à 2912 € brut/année).
Les personnels contractuels vont bénéficier aussi de cette augmentation et s’ajoute un relèvement de la prime d’attractivité à hauteur de 300 € bruts/an.

Pour les collègues qui sont entre les échelons 1 et 7 de la classe normale, une prime comparable à celle de la prime ’’Grenelle’’ de Jean-Michel Blanquer s’ajoute :

+795 € pour tous les stagiaires (donc 66,25 € net/mois)
+ 667€ pour échelon 2 (donc 55,58 € net/mois)
+ 1128 € pour le 3 (donc 94 € net/mois)
+1436 € pour le 4 (donc 119,67 € net/mois)
+1521 € pour le 5 (donc 126,75 € net/mois)
+1368€ pour le 6 (donc 114 € net/mois)
+513 € pour le 7 (donc 42,75 € net/mois)

Et pour les autres échelons ... RIEN.

C’est-à-dire que sur les deux quinquennats, sur 10 ans, la seule augmentation qu’auront des collègues en milieu et fin de carrière sera les 107€ BRUT en plus de l’ISOE ... ah pardon, il y aussi la prime (encore une !) informatique (que tout le monde n’a pas !).

La revalorisation, c’est 100 balles et un mars (l’auteur de cet article est né dans les années 80).

Le gain de +10% concerne seulement les échelons 4-5-6 et les stagiaires.
Le gain en moyenne est de +5.5%, certains ne sont même pas à +3%

Ce qui est remarquable, c’est que plus vous avez d’ancienneté, plus votre ’’prime’’ diminue. Belle reconnaissance de votre travail dans l’Éducation Nationale...
En oubliant les milieux et fins de carrière, celles et ceux qui se sont pris tous les chocs inflationnistes et qui n’ont pas eu les primes ’’Grenelle’’ précédentes, voient les futurs entrants aussi bien payés qu’eux.

Et le problème, vous le voyez bien, c’est qu’il s’agit ... de primes !
Elles peuvent donc être supprimées à n’importe quel moment ... et ne comptent pas pour le calcul de la retraite de base (au passage, 43 ans de cotisation après un bac+5 nous condamne tous à partir avec une décote ... ou à 67 ans).

Aucun plan pluriannuel n’est annoncé.
Donc jusqu’en 2027, le gouvernement ne prévoit pas d’augmenter les enseignants et ce quelque soit les scénarios inflationnistes.

Mais les gains pour les débuts de carrières sont aussi dérisoires et les stagiaires sont toujours en dessous de 2000 €/net (le ministère doit considérer que ce ne sont pas des vrais profs).

Or, cette revalorisation sans condition était censée aussi attirer les nouveaux candidats au métier enseignant.

Constat d’échec pour l’instant : les dates d’inscription aux concours 2023 ont été reculées car il n’y avait pas assez d’inscrits et on parle déjà de plus de 1000 postes non pourvus à la rentrée (certaines disciplines n’ont même pas assez de candidats à l’oral).

Le SNES-FSU a fait un tableau récapitulatif de la partie socle.

Des promesses sur une promotion facilitée à la hors-classe (accès 1 ans plus tôt ... en moyenne) et à la classe exceptionnelle (contingent passant de 10% à ...10.5%) ont été formulées.

Mais pourquoi la partie socle qui est censée valoriser le métier pour lutter contre la crise de recrutement est si faible ?

Tous réclamaient une revalorisation pour compenser la perte du pouvoir d’achat entamée dans les années 80 et qui devient vertigineuse avec l’inflation actuelle.

Le candidat Macron l’avait expliqué : il est ’’difficile de dire qu’on va mieux payer tout le monde, y compris ceux qui ne sont pas prêts à s’engager et à faire plus d’efforts’’ , il faut ’’répondre au syndrome de la salle des profs ou celui qui se démène est parfois moqué par celui qui fait le minimum syndical’’ ...

Lors de l’annonce de son programme à la presse, il évoque l’idée du PACTE ENSEIGNANT, contrat individuel qui revient à remettre en cause les statuts.

Le Pacte ou la tromperie de la revalorisation :

Le pacte est un terme générique (on peut au passage féliciter les génies en communication du ministère d’avoir choisi le terme de pacte), il désigne en réalité un contrat, négociable et marchandisable d’une année sur l’autre.

Il consiste à travailler plus pour gagner un peu plus (souvenir de l’époque de N Sarkosy) et surtout s’épuiser plus !
Ce n’est donc pas une revalorisation de notre travail.

Il est sur la base du volontariat, rien ni personne ne peut vous obliger à signer un pacte (dans la 1re mouture, les entrants dans le métier auraient été obligés d’être dans le pacte, ça a été abandonné).

Le pacte fonctionne en ’’briques’’ (le terme a été changé pour ’’unité de pacte’’).
Une brique = une mission quantifiée ou non à assurer.
Une personne qui signe le pacte devient ... un ’’pacté’’ (véritable terme ministériel).

A NOTER : L’existence de la demi-brique qui selon le ministère va profiter ... aux femmes. Il a parfaitement connaissance que lorsqu’il y a du travail supplémentaire à rémunérer (donc HSA, HSE, IMP) cela profite toujours aux hommes, TOUJOURS ! Et c’est prouvé. Lorsque l’on appuie dessus d’ailleurs, le ministère admet qu’il en a conscience ...d’où son idée surréaliste de la création de la 1/2 brique.

Il existe plusieurs sortes de briques/missions :

La brique RCD (remplacement de courte durée) est LA brique du 2d degré.

C’est celle qui doit être prioritaire avant toutes les autres, faisant écho à la communication de la macronie, faisant croire que TOUTES LES HEURES seront remplacées à la rentrée 2023.
Faire croire à l’opinion publique que le pacte va résoudre les difficultés de remplacement relève de la fable.

Elle est à 18h/an et non plus à 24h/an comme dans les 1res moutures (pour appâter le chaland).

Il est clairement indiqué, pour simplifier la gestion des personnels de Direction, que les collègues qui signent un pacte avec la brique RCD sont facilement mobilisables sur leur 1/2 journée libre. Donc celles et ceux qui deviendront des ’’pactés’’ peuvent faire une croix dessus. C’est la fin pour l’enseignant de pouvoir disposer de son temps d’organisation, il se place dans une position d’astreinte permanente.

L’autre possibilité consiste à laisser les ’’pactés’’ écrire sur la fiche de vœu le ou les créneaux pour lesquels ils seraient disponibles pour du RCD ... créant ainsi une nouvelle contrainte pour les EDT qui impactera TOUT LE MONDE.

Aucun temps de préparation n’est pris en compte, le chef d’établissement peut vous demander de remplacer du jour au lendemain ou même le jour même au pied-levé. Les seules raisons de refuser sont maladie, enfant malade, RDV médical et grève.
En effet, un collègue qui signe son pacte en septembre sait donc en toute connaissance de cause qu’il doit remplacer et donc avoir des cours sous la main.
D’autant plus, et c’est l’autre grande nouveauté de la rentrée, que le taux de remplacement pour les absences de moins et de plus de 15 jours devient un ’’indicateur d’impact spécifique’’ ... donc un indicateur de gestion qui permettra à l’établissement de se comparer aux autres, à la moyenne académique ou nationale (comme les IVAL et IVAC). Un référent académique doit être nommé dans chaque Rectorat, un IPR sans doute, et aura pour mission d’aller voir les chefs pour vérifier s’ils font bien le travail de suivi, les aider pour concevoir les emplois du temps et regarder comment les aider à améliorer cet ’’indicateur d’impact spécifique’’.
C’est-à-dire que le ministère fait pression pour que ce soit un objectif central des chefs. Pression qui va se traduire ensuite dans l’établissement sur les enseignants.

Déjà aujourd’hui, le Rectorat ne cherche plus de remplaçant si les absences n’excèdent pas 15 jours. Le phénomène n’est pas nouveau, il est le fruit de plusieurs années de suppression de postes, notamment de TZR.

Le RCD étant la mission prioritaire au niveau de l’établissement, les besoins doivent être « saturés » avant d’envisager une autre brique.
Un prof absent pour X raisons peut-être remplacé par un prof de la même discipline, par un prof de la même division ... ou peut avoir lieu une séquence ’’pédagogique’’ numérique encadrée par un prof/un AED, ou un temps d’étude accompagnée ... donc surveiller une salle de permanence. Le pacte revient donc à dénigrer ce qui constitue le cœur du travail des enseignants pour valoriser l’improvisation et même l’impréparation. Quel message va passer auprès des familles et des élèves ? (MAJ : retiré du décret)

Le ministère se moque bien de qui il y aura devant les élèves ... du moment qu’il y ait quelqu’un.

La brique « Devoirs Faits »

’’Devoirs faits’’ devient obligatoire en 6e à la rentrée pour TOUS LES ÉLÈVES, chaque établissement décidant comment l’organiser.
La brique est à 24h/an.

Les profs des écoles peuvent aussi signer un pacte avec des briques ’’Devoirs faits".

La brique Stage de réussite

Des stages de remise à niveau en français ou en mathématiques, sur la dernière semaine d’août, pendant les vacances de la Toussaint ou de printemps.

Elle est à 24h/an.

La brique ’’Heure de Français/Maths en 6e’’ est LA brique du 1er degré.

Pour les profs des écoles, LA brique prioritaire est celle, annoncée dès janvier dernier, qui va leur permettre de venir faire des heures de Français ou de Mathématiques, de soutien ou d’approfondissement sur le niveau 6e.
Il s’agit de la généralisation d’une expérimentation du dispositif ’’6e tremplin’’ à Amiens qui existe depuis ... septembre 2022 (quel recul pour évaluer la pertinence du dispositif !).

Afin de caser cette heure qui devient obligatoire dans l’EDT des élèves sans augmenter le volume total de 26h, le ministère annonce par voie de presse, de façon totalement inattendue, qu’il supprime la Technologie en 6e !
Quel dangereux précédent ! En effet, qu’est-ce-qui peut maintenant empêcher le ministère dans les années qui viennent de s’en prendre à une autre discipline ... qui aurait des difficultés de recrutement par exemple.

Cette heure est censée combler les difficultés des élèves à l’entrée en collège, ’’l’homme malade du système’’ selon le ministre. Encore une fois, cela relève de la fable car il n’y a aucune assurance qu’il y aura des groupes à effectifs réduits et surtout les difficultés doivent se résoudre bien avant l’entrée en 6e.

La brique est à 18h/an. Un prof des écoles qui veut intervenir sur les 36 semaines d’une année scolaire doit donc prendre 2 briques.

Le ministère admet qu’il n’est possible pour les profs des écoles d’intervenir que le mercredi matin ou le soir après les cours (il abandonne finalement l’idée du temps de midi ... ou de venir en journée avec sa classe du Primaire dans le collège).

Il faudra que les groupes et contenus se décident lors d’un conseil de cycle 3, les sessions ne doivent pas excéder un trimestre ... et on annonce une coordination régulière entre les professeurs.
Donc la brique va largement dépasser les 18h.
A ce titre, les professeurs des écoles ’’pactés" peuvent maintenant participer au conseil pédagogique.

Les autres briques :

La brique n’est pas forfaitaire, il n’y a pas un horaire spécifique qui lui est attribué mais on peut aisément penser que vu les intitulés, il faudra travailler bien plus que 18 ou 24 heures pour accomplir la mission.

 Coordination et mise en œuvre de projets pédagogiques innovants, CNR… (Coordination et prise en charge des projets portés par l’établissement du second degré, notamment dans le cadre de la démarche CNR éducation - Notre école, faisons la ensemble, suivi des indicateurs de réussite ??!! !)
Il semblerait que le référent Harcèlement fasse partie de cette mission, comme le référent SNU en lycée (organiser le SNU dans une classe ou dans le lycée, stage de cohésion de 12 jours sur le temps scolaire).

 Appui à la prise en charge des élèves à besoins éducatifs particuliers ( Au moins un par établissement, un professeur spécialisé ou qui souhaite se spécialiser, notamment par rapport aux élèves en situation de handicap, en soutien des autres professeurs et de la vie scolaire, information, accompagnement sur l’accessibilité pédagogique, lien avec le PIAL/PAS et l’enseignant référent pour la scolarisation des enfants en situation de handicap)

 Coordination Découverte des métiers cycle 4 avec l’intervention des profs du LP qui vont subir une réforme brutale (Coordination, animation, planification, prise en charge de certaines activités avec les élèves, lien avec les entreprises)

Quelle mise en œuvre du pacte ?

Le syndicat majoritaire des chefs d’établissements (qui n’est pas la FSU) affirme qu’il est contre le pacte ... mais va négocier une prime de 1000€ pour l’appliquer !

Chaque établissement va recevoir un nombre de briques ’’vierges’’.

Les chefs doivent estimer le nombre de briques de chaque catégorie dont ils vont avoir besoin, notamment les RCD à partir des constats de l’année passée, et ensuite demander l’avis du conseil pédagogique.

Ensuite, ils doivent recenser les professeurs volontaires pour signer des pactes. Les professeurs doivent donc formuler des vœux ... en demandant à obtenir telle ou telle brique.

Ils peuvent en prendre plusieurs : 3 briques étant le pacte ’’standard’’, 4 briques ou plus ...c’est-à-dire « le Golden pacte » (dénomination abandonnée).

Puis le chef doit répartir les briques en fonction des retours qu’il a reçu ... on voit bien tout le problème qu’il y a derrière, le chef peut privilégier un collègue plutôt qu’un autre, créant des divisions entre les profs ’’pactés’’ et les autres.

Le chef doit s’assurer que la mission est satisfaite en cours d’année.
Régulièrement, il doit vérifier que les agents accomplissent leur pacte ou non ... et agir en conséquence en effectuant des ajustements.
Il est donc possible de retirer des briques à des collègues en cours d’année ou à l’inverse de les inciter à en prendre davantage.
Le collègue dont la mission s’interrompt n’est plus payé avec certainement la mise en place d’un prorata des heures effectuées.

Enfin, le chef d’établissement peut imposer une mission en dehors de votre pacte (donc du RCD par exemple) au titre ... de la ’’fongibilité asymétrique’’ (sans commentaire !) afin de vous faire remplir votre brique.

Il ne faut pas oublier que le PACTE est un contrat, et qu’à ce titre, une fois signé, vous devez l’accomplir quoi qu’il arrive.

Mais est-ce-que ça vaut le coup ?

Il suffit pour cela de comparer par rapport au montant actuel de l’HSE (heure supplémentaire effective) qui paye actuellement les RCD et Devoirs faits.

Le montant de toutes les briques du pacte est à 1250 € brut/annuel (et à 1131 € net/annuel donc un versement mensualisé sur 12 mois octroie +94€ net) et apparaitra sur la fiche de paie en ’’ISOE part fonctionnelle’’.

Pour une brique forfaitaire à 18h, cela donne donc du 69.44 € Brut/heure ou du 62.83 € net/heure.

Pour une brique forfaitaire à 24h, c’est du 52.08 € Brut/heure ou du 47.13 € net/heure.

Les montants des HSE sont en brut mais depuis la crise des gilets jaunes, elles ne sont plus soumises à l’impôt sur le revenu même si elles demeurent intégrées au revenu fiscal de référence. Elles demeurent soumises à la CSG et à la CRDS.

HSE certifié.e classe normale : 41.31 € brut et 38.55 € net
HSE certifié.e Hors classe et Classe exceptionnelle : 45.44 € brut et 42.40 € net

HSE agrégé.e classe normale : 59.69 € brut et 55.70 € net
HSE agrégé.e Hors classe et Classe exceptionnelle : 65.66 € brut et 61.27 € net

Vous remarquerez donc que les gains sont dérisoires et il ne faut pas oublier qu’il y avait une promesse de 10% en plus sur le salaire SANS CONTREPARTIE..

ET SURTOUT, posez-vous la question suivante : Pourquoi n’ont-ils tous simplement pas augmenté les HSE ? Pourquoi créer le PACTE ?
Derrière, il y a bien l’idée de mettre une partie de notre salaire dans les mains des chefs d’établissement, qui lors de la réunion de présentation au Rectorat ont été désignés comme des ’’managers’’.

A quoi va ressembler le salaire dans 5 ou 10 ans ? Un contrat avec des objectifs à atteindre ? Un service annualisé ? Un recrutement par entretien d’embauche ?

Les agrégés en prenant une brique à 24h ... perdent même de l’argent par rapport à l’HSE ! Le ministère assume d’ailleurs ce choix : les certifiés rattraperaient ainsi les agrégés.

Aujourd’hui, c’est vous qui décidez si vous voulez remplacer une fois un collègue absent.

C’est vous qui décidez de faire à un moment donné devoirs faits ou non.

Avec le pacte, vous êtes obligés d’effectuer 18 ou 24 heures car vous aurez pris l’engagement de les faire en signant un papier en septembre. La contrainte est énorme !

POURQUOI FAUT-IL REFUSER DE SIGNER LE PACTE ?

Parce que ce n’est pas une revalorisation. Payer pour du travail en plus, c’est normal.

Parce que la promesse d’augmentation de 10% n’est pas respectée. Certains collègues, les milieux et fins de carrières, donc celles et ceux qui n’ont quasiment pas été augmentés, doivent prendre 2 ou 3 briques pour arriver à ces 10%.

Parce qu’il s’agit d’un nouveau pas vers une contractualisation de notre métier, une part déterminée de notre rémunération de fonctionnaire d’État et de notre travail devient contractuelle, marchande, négociée. Le Pacte est une entrée vers l’annualisation de nos services, le ministre comme la cour des comptes l’appelle de ses vœux, cela devient donc un objectif assumé. A quoi va ressembler le métier et le salaire dans 10 ans si on continue dans ce sens ? (Recrutement par entretien d’embauche, uniquement des primes ...

Parce qu’il implique la suppression de la technologie en 6e (qui sera la prochaine victime ?) pour créer à la place un dispositif de soutien qui ne va pas réduire les inégalités. C’est en créant des moyens à l’école primaire, notamment en réduisant les effectifs, que l’on pourra réellement agir.

Parce qu’il implique aussi le remplacement systématique des collègues absents. En les remplaçant, vous comblez les défaillances du gouvernement qui n’arrive pas à rendre le métier attractif. Vous effacez donc ce qui devrait, au contraire, rester bien visible pour montrer la situation dramatique de l’Éducation Nationale.
Les problèmes de remplacements ne font pas de notre fait, pas de notre faute, ce n’est pas notre problème, on a assez alerté.

Parce que c’est une prime, donc elle ne comptera pas pour votre retraite de base.

Parce qu’il va aggraver les inégalités salariales femmes/hommes. Car dès lors qu’il s’agit de travail supplémentaire (HSA, HSE ou IMP et donc bientôt le pacte) cela est toujours favorable aux hommes ... et pas qu’un peu (+400€ en moyenne pour les HSE pour les hommes, +300€ en moyenne pour les IMP pour les hommes).
D’ailleurs lorsque cela a été indiqué au ministère, il a répondu qu’il le savait très bien mais qu’il n’avait pas le choix.

Parce qu’en acceptant des tâches supplémentaires en plus alors que vous travaillez déjà beaucoup, vous validez l’idée selon laquelle un prof a assez de temps libre (et de vacances diraient certains) pour faire autant d’heures sup. À croire que les plus de 40h de travail réel des enseignants, prouvées par une étude de le DEPP, ne suffisent pas.

Parce que vous méritez mieux, après un bac + 5 et un concours, que des miettes en échange de corvées, surtout dans un métier qui tient encore debout grâce à notre abnégation.

Le métier mérite plus de gratitude, de reconnaissance, de considération, il vaut mieux que ça ! On recrute des profs en 15 minutes par job dating ... comment peut-on en arriver là ?

Alors que le pacte, comme la réforme des retraites, apparaissait dans le programme d’E. Macron, le ministère, coincé, s’est avancé en indiquant qu’un tiers des collègues signeraient le pacte. Et pourtant les retours font état d’un rejet massif !

En étant le plus possible à refuser le pacte, on peut le faire tomber.

Car ce n’est pas des primes qui sauveront l’école, c’est la réduction des effectifs par classe qui le peut et pour cela, il faut des personnels, des postes.

Il va falloir se mettre d’accord avec les collègues, discuter, débattre pour émettre un « vote » défavorable en conseil pédagogique et ce même si le chef d’établissement, comme pour la DHG, va certainement dire qu’il ne faut pas voter sur l’idéologie du pacte mais sur la répartition des briques.

Le début de cet article doit vous convaincre que l’argent, « le pognon de dingue », ils nous le doivent.

Le déclassement salarial a été décidé depuis plusieurs décennies alors même que la charge de travail augmentait. On nous demande d’accomplir de plus en plus de tâches, face à un nombre croissant d’élèves en classe et d’assurer de plus en plus d’heures sup (donc plus de classes, plus de copies, plus de réunions, plus de cours à préparer ...).

Résultats de la DEPP :
Nous avons le record du nombre d’élèves par classe en école et en collège.
Les enseignants français sont ceux qui assurent un nombre d’heures de cours parmi les plus élèves en Europe.
Pourtant, le salaire reste inférieur à la moyenne de l’OCDE à chaque étape de la carrière, à tous les niveaux d’enseignement.
Merci d’avoir pris le temps de lire cet article, partagez-le, faites le découvrir à vos collègues.

Pour nous soutenir et nous permettre de continuer à animer des stages, des heures d’information syndicales, rejoignez-nous en vous syndiquant au SNES-FSU, le syndicat majoritaire du 2d degré. Le montant de la cotisation est déductible à 66% des impôts.
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Et n’oubliez pas !
NO PACTARAN ! ON NE SIGNE PAS.

Sources :

Toutes les infos se trouvent également dans les articles du SNES-FSU :
Sur le pacte.

Salaires :

Résumé des salaires depuis septembre 2022.
Revue salaires de septembre 2022.

Inégalités salariales :
Article SNES-FSU.
Le café pédagogique a décortiqué par le passé ce problème et plus récemment.

Tiens, encore des briques !